Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

malgré lui, une chose légère. Mais madame de Ferjol, plus grave encore que lui, ne la prit pas. Seulement, ses yeux, hautainement distraits, par hasard tombèrent sur l’émeraude, et, comme frappée d’une balle, elle poussa un cri et tomba raide sans connaissance.

Elle venait de reconnaître la bague de son mari qu’elle avait donnée à Lasthénie.

Le coup qui la frappait encore produisit un coup d’étonnement sur les conviés du comte du Lude, qui égalait peut-être le sien, mais la fascination de respect — de respect un peu tremblant devant sa rigidité — qu’exerçait cette femme était si grande que personne de ceux qui l’avaient vu ne parla depuis de l’évanouissement de madame de Ferjol. Sur cet évanouissement subit qui faisait bien l’effet de cacher quelque drame, les langues furent liées et demeurèrent liées. Rentrée à Olonde, le même soir, après être revenue de cette pâmoison qui dura longtemps, elle se remit à regarder dans ce cancer béant qu’elle avait au cœur, et dans lequel elle avait mis le linge blanc de tant d’inutiles compresses qu’elle en avait re-