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XII

— Écoutez donc mon histoire, qui est une histoire de voleurs, — et qui remonte à haut, dit Gilles Bataille, car l’Empereur n’était pas encore l’Empereur, dans ce temps-là, ni moi son épicier, — ajouta-t-il avec un reste de fierté impériale, car l’Empire était si grand, qu’il donnait de la fierté même aux épiciers ! Nous étions donc sous Barras, qui avait pris avec lui Fouché pour sa police. C’était déjà l’homme qu’on a vu plus tard, quand il fut ministre sous l’Empereur, mais dans ce temps-là, ce terrible Fouché, placé entre les Jacobins et les Chouans, comme entre deux tirants de Sainte-Apolline, qui tiraient chacun de leur côté, ne pouvait pas s’occuper, quand le diable