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elle était sortie du lit voûtée… Quand elle et sa mère paraissaient le dimanche à l’église, on comprenait en les voyant que madame de Ferjol ne voulût recevoir personne, pour se consacrer tout entière à la santé de sa fille. L’opinion fut que cette enfant qu’elle y traînait avec elle, elle ne l’y traînerait pas longtemps.

Et cependant elle l’y aurait traînée bien longtemps encore, si la Révolution, à son apogée sanglante et sacrilège, n’avait pas tout à coup fermé les églises. Madame de Ferjol, qui n’avait plus de raisons pour cacher aux médecins Lasthénie, en appela plusieurs à Olonde ; mais les médecins ne virent en cette jeune fille, aussi faible et languissante de corps que d’esprit, qu’un de ces marasmes dont la cause était, pour eux, impénétrable. La cause du marasme de Lasthénie, madame de Ferjol seule, dans l’univers, la connaissait ! C’était son péché, pensait-elle, et la coupable ne devait mourir que de son péché. Pour elle, la farouche janséniste, qui avait, hélas ! plus de foi en la justice de Dieu qu’en sa miséricorde, c’était la rigoureuse justice de Dieu