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où étaient plantées ses trois tourelles, ouvrit ses paupières, un matin, c’est-à-dire ses persiennes noircies et moisies par l’action du temps et des pluies, et l’on vit passer aux fenêtres la blanche coiffe de la vieille Agathe. Le rideau intérieur de planches, qui doublait la grille de la cour d’honneur, disparut, et pour les rares passants de ces contrées, la vie dans ses menus détails sembla avoir repris sans bruit ce château frappé de la mort, pire que la mort, de l’abandon. Mais, à la réflexion près de ceux qui passaient par là, le séjour de madame de Ferjol à Olonde ne fit pas plus d’étonnement et d’éclat dans le pays que son arrivée. Elle y vécut aussi solitaire, ne se cachant pas, qu’elle y avait vécu, cachée. Elle resta dans ce tête-à-tête avec sa fille qui devait être toute sa vie et que toute autre présence que celle d’Agathe ne devait jamais troubler. Elle pensait toujours à ce tête-à-tête, qui était pour elles deux — la mère et la fille — la fatalité de l’avenir ! Aucun mariage, songeait-elle souvent, n’est plus possible pour Lasthénie. Comment dire à l’homme qui l’aime-