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elle était, on la prenait pour une paysanne de plus. Mais ce qui avait été possible à Agathe ne l’était point pour madame de Ferjol… Aussi, quand elle crut que le temps pouvait être venu de retourner à l’église et d’entendre la sainte messe, elle eut non pas une joie, — elle était trop triste de l’état de sa fille pour avoir une joie, — mais quelque chose comme une plus large dilatation dans son cœur si longtemps et si horriblement étreint ! Elle qui ne s’abandonnait jamais et qui avait le sens pratique des réalités de la vie, elle avait pensé que maintenant elle et sa fille devaient sortir de ce strict et formidable incognito qu’elle avait voulu et gardé jusque-là. « Vous pouvez, dit-elle à Agathe, annoncer au fermier de la terre que nous sommes arrivées à Olonde subitement, et de nuit, et que nous y sommes revenues pour y demeurer. » Et elle enjoignit surtout à Agathe d’insister sur la souffrance de Lasthénie, malade depuis des mois, et qui venait chercher dans le pays de sa mère un autre air que celui des Cévennes, parce que cette circonstance de la souffrance de Lasthénie l’empêcherait de rece-