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offices, — et ce fut là pour madame de Ferjol une peine et un remords de plus. Elle n’aurait pu, même voilée, aller à la messe aux paroisses voisines. C’était un danger que de laisser, dans ce dernier mois d’attente et d’anxiété, une seule minute, Lasthénie. Il faut que je lui sacrifie, — pensait-elle avec ressentiment, — jusqu’à mes devoirs religieux ! et les devoirs pesaient plus à cette janséniste qu’à personne. « Elle nous damne toutes les deux », — ajoutait-elle avec sa violence et sa rigidité exaltée. Et c’est ce sentiment religieux qu’il serait nécessaire de comprendre pour bien savoir ce que cette forte femme souffrait au fond de sa conscience. Le comprendra-t-on ?… C’est bien incertain. Cette maison que j’ai comparée, pour la solitude, à un cloître isolé et morne sans religieuses et sans chapelle, eut bientôt, pour elle et Lasthénie, l’étroitesse étouffante de cette voiture qui, pendant le voyage, leur avait fait l’effet d’un cercueil. Heureusement (si un tel mot peut trouver sa place dans une si navrante histoire), heureusement, ce cercueil d’une maison avait encore assez d’espace pour qu’on pût physiquement y respirer.