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pour la jeune fille, chez laquelle elle n’aurait jamais soupçonné que la pureté ne fût pas immaculée, elle ne s’étonna pas de cette prodigieuse et mystérieuse solitude. Elle trouvait tout simple que madame de Ferjol voulût cacher l’état de Lasthénie, qui ne devait pas être vue dans une pareille ruine de tout son être dans la patrie de sa mère, et dont il ne fallait pas qu’on dît : « Voilà donc ce que cette fière mademoiselle d’Olonde a retiré et rapporté de son scandaleux enlèvement ! » D’ailleurs Agathe avait dans la tête son remède surnaturel pour Lasthénie, et c’était le projet qu’elle ruminait d’un pèlerinage au tombeau du Bienheureux Thomas de Biville, puis finalement l’exorcisme, si les prières au tombeau du Bienheureux n’étaient pas exaucées. C’était la suprême espérance de cette âme pleine d’une foi naïve ; et naïve, la foi l’est toujours ! Madame de Ferjol ne rencontra ni d’obstacle, ni même d’observation, de la part de sa fille et de sa vieille servante sans laquelle elle n’aurait pas su se créer l’existence cloîtrée qu’elle réalisa. Olonde, en effet, fut un cloître — un cloître à trois, — mais sans chapelle et sans