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Néel eut pitié de cette enfant qu’il n’avait pas aperçue en passant avec Sombreval, tant ils étaient à ce qu’ils se disaient ! et il lui donna tout ce qu’il avait, en pensant à Calixte… La nuit, qui augmente la pitié, la pensive nuit, s’en venant alors dans ses vapeurs violettes, prenait la terre en ses beaux bras mélancoliques, et y étreignait encore plus étroitement le cœur de Néel, agité de pressentiments sombres. Pour échapper à cette étreinte, et surtout pour revoir plus vite celle qui l’attendait et lui apprendre que son père avait franchi heureusement le dangereux passage, Néel pressa le pas de son cheval. Il comptait sur les jarrets de la noble bête pour arriver au Quesnay à une heure qui ne serait pas indue encore, et donner à Calixte cette sécurité pour son père avant son sommeil. C’était le mois de juin : les crépuscules sont longs en ces soirées ; l’Angelus de sept heures sonnait aux horizons, apporté par le vent des clochers de village qu’on ne voyait pas, à cause des distances… On rentrait les bêtes, comme disent les herbagers. Néel calculait que, si Sombreval et lui avaient, au trot et conversant, mis deux heures pour dépasser la Sangsurière, lui seul et au galop, s’il le fallait, il arriverait bien au Quesnay avant neuf heures. — Et, de fait, il y arriva.

Il était cependant nuit close. Les Herpin