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quittée. Il fallait bien, en effet, que Sombreval allât se jeter aux pieds de son évêque et subît la pénitence méritée après laquelle l’évêque solliciterait de Rome sa réintégration dans le sacerdoce. L’esprit de justice de cette jeune fille, à tête lumineuse, comprenait tout cela, et imposait silence à cette affliction qui venait si vite se mêler à la joie dans son tendre cœur.

— Ma pénitence la plus cruelle sera de te quitter, — lui dit Sombreval, — et de te laisser dans la solitude, ma Calixte aimée. Mais tu es l’enfant de la solitude, toi qui as partagé, toute ta vie, l’isolement de ton père. Tu n’es faible que dans ton corps charmant. Ton âme est forte et sainte. Comment te plaindrais-tu aujourd’hui de ce qui, au fond, doit faire ta joie ? En me parlant de toi, l’autre jour, monsieur le curé de Néhou s’appelait ton second père. Eh bien, il aidera au premier. Il viendra tous les jours au Quesnay. Il me l’a promis. Lui qui se connaît en malades comme tous les prêtres, et toi qui vas soigner ta vie par pitié pour ton père absent, vous surveillerez tous deux cette santé chère, que je surveillerai aussi de loin, car moi, cette maladie contre laquelle je me bats depuis que tu vis et que tu souffres, je la connais ! Nul de ses phénomènes, toujours prévus, ne me déconcerte, et n’importe où je sois, je continuerai de lutter contre elle. Mon es-