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revenir à Dieu et de rompre cette chaîne du péché qui finit par faire corps avec l’homme, si bien que l’homme n’en peut sortir qu’en rompant sa chair avec sa chaîne ! Il répéta ce que Sombreval venait de lui apprendre avant d’entrer dans le salon : c’est que son parti était pris, sa résolution irréfragable ; c’est que le prêtre, le caractère de prêtre effacé par vingt ans d’infidélité, d’orgueil, de science mondaine, reparaissait tout à coup par la vertu du Sacrement dans celui qui l’avait méprisé et foulé aux pieds, et que reparu, le prêtre avait soif de pénitence, de réconciliation complète ! Il dit enfin et avec enthousiasme, quelle joie pour l’Église de voir remonter à l’autel ce trop fameux « abbé Sombreval », qui avait contristé son cœur maternel et qui aurait pu en être la gloire ! Calixte écoutait, noyée dans les larmes, heureuse pour la première fois de sa vie ! Elle souriait comme au ciel ouvert. Elle avait repris dans son bras la tête de son père.

— Ah ! s’écriait-elle, serrant le grand front du coupable, repentant enfin ! contre sa virginale gorgerette, — ah ! ce n’est pas à moi que Dieu accorde toutes ces grâces, monsieur le curé, mais c’est à ma pauvre mère qui le prie depuis si longtemps dans son Paradis ! Ma mère ! Nous pourrons donc, père, prier ensemble le Dieu de ma mère, à présent !… Et