Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qué tant de jours ! Il était animé et presque splendide. Cette espèce de splendeur, ils allaient la comprendre ! Mais ils la prirent d’abord pour le reflet de quelque flamboyant eurêka de cet Archimède de la chimie, devenu peut-être le maître de ses combinaisons !

Ils se trompaient… Ce n’était pas des substances qu’il cherchait à asservir, depuis tant d’années, que Sombreval était devenu maître, mais c’était de lui-même, terrible substance, plus difficile à dominer ! Le feu qui lui pourprait ses saillantes pommettes et jetait un ardent reflet à ses tempes, élargies par la réflexion, n’était pas le feu matériel du fourneau que son visage avait si longtemps impassiblement bu par tous ses pores ; c’était une bien autre flamme ! C’était la flamme de la résolution sublime qu’il avait portée, pendant ces huit jours de lutte et de silence, et qui, triomphante, montait de son cœur à sa tête et l’illuminait !

— Oui, mon enfant, — dit ce père qui entendait physiquement dans son cœur la pensée de sa fille et qui y répondait ; — elle n’y est plus la tristesse qui t’inquiétait ces jours derniers et que tu as vue si bien, toi, sur les vieux sourcils de ton père, et la tienne va s’en aller aussi de ton cher visage. Ma pauvre suppliciée par moi, pardonne à ton bourreau de finir si