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« Et Néel de Néhou ? fis-je à Rollon Langrune quand il s’arrêta à ce point final de l’histoire de Jean Gourgue, dit Sombreval.

— Néel, reprit-il, tint son serment : il épousa Bernardine ; mais quelques semaines après son mariage, il recevait par l’intermédiaire du préfet de la Manche un brevet qui le nommait lieutenant dans cet héroïque régiment de Chamboran, qui portait le dolman et la pelisse de ce brun mélancolique qu’on appelle froc de capucin, et ces belles tresses poudrées et plombées qui accompagnaient si bien une martiale figure sous le kolback. Je vous l’ai dit, l’Empereur Napoléon, qui était dans ce temps-là au faîte de sa puissance et de sa gloire, ne cessa d’envoyer jusqu’à la création des Gardes d’Honneur, aux jeunes fils des anciennes familles, de ces brevets d’officiers qui prouvaient, du reste, que, pour ce grand politique, l’égalité devant la loi, qu’il avait inscrite dans ses codes, n’avait jamais été qu’un sacrifice fait par son génie aux idées de la Révolution.