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Puis il replongea et chercha Sombreval… mais en vain ! Plus pesant que Calixte, il était sans doute descendu profondément en ces vases sans fond où il s’était perdu, et Néel ne le retrouva point… Après des efforts furieux et inutiles, Néel se retira de cette eau presque limoneuse dont il avait eu tant de peine à scier la surface avec ses jeunes bras, et reprenant Calixte et la portant, comme il n’y avait qu’un moment la portait son père, il remonta vers le cimetière de Néhou.

Quand il l’atteignit, la nuit était tout à fait venue. La lune descendant de l’autre côté du zénith n’éclairait plus qu’à moitié le clocher dont la base trempait dans l’obscurité. Le vieux if noir semblait plus noir et la chouette ululait dans le creux de son tronc fendu par le temps… C’était une heure solennelle. Néel porta Calixte vers sa tombe ouverte, et tout d’abord il ne vit pas la Malgaigne, mais, une seconde après, il l’aperçut gisant à moitié relevée sur l’herbe où l’avait renversée Sombreval.

— Mère, — lui dit-il, — la voici, elle ! que je rapporte à sa tombe, mais lui ! je n’ai pu l’empêcher de périr…

— Vère ! fit-elle. Il faut que les sorts s’accomplissent. Il a péri par l’eau… n’est-ce pas ? comme je l’avais vu…