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Calixte était enterrée… Les gens de l’enterrement s’en étaient retournés, se dispersant le long des haies… La cloche, dans sa tour, avait cessé de balancer sa sonnerie éplorée. Le silence replanait dans les airs et reprenait possession des campagnes. Seules, de cette foule qui venait de s’y presser, deux personnes étaient restées dans le cimetière abandonné. L’une, c’était Néel, décidé à rester là, sur cette tombe, jusqu’à la venue de Sombreval, et l’autre, c’était la Malgaigne, qui, elle aussi, était fidèle et qui gardait la fille à son Jeannotin, prévoyant quelle douleur immense bouleverserait cette âme qu’elle connaissait pour l’avoir tenue dans ses mains, toute petite, et qui par sa violence lui avait si vite échappé ! Ils ne disaient rien, concentrés tous deux dans la même pensée. Ils ne priaient pas. Il leur aurait été impossible de prier ! Ils attendaient, non plus comme ils avaient attendu déjà. Ils n’attendaient plus pour une heure fixe… Il n’y avait plus d’heure fixe pour eux à ce cadran dont l’aiguille indifférente pouvait marquer toutes les heures, sans qu’on lui dît de s’arrêter. Hélas ! ce n’est pas sur les mondes détruits que le temps dort immobile, mais sur nos cœurs ! Calixte était enterrée. Tout était fini.

Maintenant il était sûr que Sombreval arriverait trop tard ! Il arriverait pour se casser la