Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas ; il était sûr qu’à la nouvelle du danger de la mort de sa fille rien ne pourrait retenir un pareil homme, et qu’il bondirait par-dessus tout, même par-dessus les engagements les plus sacrés, plutôt que de ne pas arriver !

Il écoutait tous les bruits qui pouvaient lui annoncer l’arrivée de Sombreval, dans le silence de cette maison où le silence avait toujours eu tant d’empire, et où celui qui régnait à cette heure était le silence de la mort, mais il n’entendait que le gémissement, sur l’étang, du vent d’ouest, qui n’avait plus sa furie des jours précédents, mais dont résonnait toujours la basse continue…

Dans une de ses dernières rafales, ce vent avait fait virer sur leurs gonds les persiennes qui s’étaient fermées, en claquant ; et comme il commençait de se calmer, Néel ne les avait pas rouvertes et retournées contre le mur… Il aurait pu, en entr’ouvrant la fenêtre, les pousser et les rattacher. Il ne le fit point… Il resta dans l’ombre, projetée à l’intérieur par ces persiennes, qui convenait mieux à ses pensées. Il y a tant d’harmonies entre la douleur et la nuit !

Cependant, au bout d’un certain temps passé en ces demi-ténèbres, il crut distinguer dans le vestibule le bruit d’un bâton et d’un pas rapide. Il crut que c’était Sombreval ! Il se leva pour