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mandez-lui, à Néel, si, depuis le jour des landelles, je ne l’ai pas supplié de vous revenir et de vous aimer comme vous méritez d’être aimée, si je ne l’ai pas conjuré de vous prendre pour femme et de m’oublier ! Non pas de m’oublier ! — reprit-elle avec un mouvement de candeur qui la rendit encore plus touchante, — mais de ne se souvenir de moi qu’avec vous, lorsque vous serez sa femme et que moi je ne serai plus. Il me l’a promis, n’est-ce pas, Néel ?… Oh ! mon cher Néel, dites-lui que vous l’avez promis ! Priez-la avec moi de me pardonner !

Bernardine, pour toute réponse, se jeta sur elle et l’étreignit sur son cœur.

— Ô Calixte ! — lui dit-elle, les yeux tout en larmes, vous que j’ai si longtemps haïe, c’est à vous bien plutôt de me pardonner !

Calixte lui passa les bras autour du cou et l’embrassa sur le front.

— Votre main, — fit-elle, — et vous, Néel, aussi, donnez-moi votre main.

Et elle les leur mit l’une dans l’autre avec les deux siennes.

— Laissez-moi vous marier, leur dit-elle, comme inspirée et comme ranimée par un de ces désirs qui viennent parfois aux mourants, — laissez-moi, avant de mourir, être le témoin de ce mariage qui sera peut-être mon meilleur