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était monté. Le curé Méautis partit à pied pour la bourgade voisine. Il alla lui-même chercher le médecin. Hors de lui de douleur, il s’en allait, par la nuit sombre, le long des chemins, en pleurant. Il pleurait sur la jeune fille qu’il avait peut-être tuée inutilement, car elle n’avait pas eu le temps d’écrire à son père ; et cet aveuglement subit, et cette perte de connaissance, et ce délire si promptement envahisseur, tout semblait faire pressentir au prêtre que la coupe de la colère divine était pleine, et qu’au tribunal de la Justice céleste Sombreval était condamné !

L’abbé ramena le docteur d’Ayre et ne se contenta pas de ce médecin sceptique. Il ramena aussi le docteur Hérault, qui avait déjà soigné Néel au Quesnay. La maladie de Calixte, très grave en elle-même, l’était d’autant plus que la jeune fille était déjà souffrante de la névrose de toute sa vie. Elle offrit bientôt le spectacle des symptômes les plus alarmants et les plus compliqués. Les médecins se trouvèrent placés dans l’entre-deux de deux médications contraires ; et cependant le mal marchait et le péril était si grand qu’il fallait agir et jouer cette dernière carte qu’à une certaine heure on joue au lit des malades, comme à la guerre. Calixte n’avait pas repris connaissance… L’abbé Méautis, dès qu’il avait dit sa messe et