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sa jeune pénitente, la disposition, la force secrète qu’il attendait pour lui dire la terrible chose dont il avait douté avec transe, mais dont à présent il ne doutait plus.

Il était arrivé, en effet, à la certitude. Il y était arrivé par les moyens qu’ont toujours employés les Saints et les Mystiques dans les ténèbres de la vie. Il avait prié. Il s’était fié à la prière… Il avait appuyé contre le ciel ce levier irrésistible de la prière, qui l’ouvre de force, — et, sûr de la bonté de Dieu, auquel il avait demandé un signe qui l’empêchât de se tromper sur la voie qu’il avait à suivre, il l’avait obtenu, ce signe. Mais quel était-il ?… Il ne le dit point, et Calixte ne le lui demanda pas ! Elle connaissait la sainteté de l’abbé Méautis. Avancée comme elle l’était dans la voie spirituelle, elle savait par l’histoire des grands Mystiques que Dieu, sommé de s’expliquer par ceux qu’il aime, se révèle sur les choses cachées par des signes visibles pour eux seuls. L’histoire des grands Mystiques est pleine de ces faits. Elle y croyait et elle crut l’abbé Méautis.

Lui, le pauvre abbé, — au désespoir de faire le mal qu’il allait faire à une enfant pour laquelle il ressentait cet amour divin qu’ont les grands confesseurs pour les âmes commises en leurs mains, — prit toutes les précautions hu-