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cristain boiteux, au crâne jaune et chauve comme une boule de buis, qu’il trouva randonnant dans l’église du Grand Séminaire, une lanterne allumée à la main, car il venait de balayer la crypte. « L’abbé Sombreval, — lui conta ce bonhomme, — était l’édification de la Communauté. » Pour expier les crimes de sa vie, il se livrait à des macérations extraordinaires. Il jeûnait au pain et à l’eau, portait le cilice et même sous le cilice, à ce qu’on prétendait, — une ceinture de fer, armée d’un dard, qui, sous la pression d’un ressort, entrait dans le flanc et y restait.

« Toutes les nuits, ajouta le vieux bavard qu’on appelait dans le séminaire le vieux : Voyez-vous-ça ! d’un tic de langage qu’il avait, — toutes les nuits, reprit-il, enchanté de l’effet qu’il produisait sur Néel avec ses récits, — quand j’ai fait la ronde des dortoirs et que je m’en reviens par le long corridor de l’Ouest, où est sise la cellule de cet abbé Sombreval, j’ouïs des bruits de coups qui font trembler… voyez-vous ça ! et qui viennent de la terrible discipline qu’il se donne. Ah ! par le bienheureux Thomas de Biville ! il n’y va pas de main morte, voyez-vous ça ! Timothée Lambinet, qui fait la chambre à tous nos messieurs, m’a bien des fois conté qu’on voyait sur les murs de la sienne, blanchie à la chaux, comme une espèce