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Alors, l’abbé Méautis ne supplia plus. Il accusa. Il s’était traîné aux genoux de Sombreval autant qu’on pouvait s’y traîner dans des lettres. Il se releva. Il devint terrible à la manière de Joad, lui, le doux prêtre. Il se mit à raconter à Sombreval toute la vision de Calixte, qui pour lui faisait certitude ; et il crut l’avoir terrassé ! Mais Sombreval ne se démentit pas. Il répondit avec l’humilité d’un pénitent qu’il avait bien mérité qu’on le crût un hypocrite et qu’on pensât de lui tout ce qu’il y aurait de plus horrible et de plus honteux. Il dit enfin qu’on avait le droit d’expliquer contre lui-même l’inexplicable…

Ah ! l’abbé Méautis crut alors à la Malgaigne et à ses prophéties ! C’était bien là l’impénitence finale, l’obduration d’un front damné. Contre cet endurcissement tout devait se briser. Il n’y avait pas de ressource. Nul moyen d’empêcher la consommation du crime tramé contre Dieu, si ce n’est de dire à Calixte la vérité qui devait la tuer après l’horrible torture d’un moment, ou la faire vivre quelque temps dans d’insupportables tortures pour l’achever, immanquablement, plus tard…

Or, devant cette nécessité, l’abbé Méautis recommença d’hésiter et d’attendre. Ce fut long, haletant, caché, ce combat pour se tuer le cœur ! On se l’arrache, mais il est des poi-