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du cierge des morts. Ses yeux d’un bleu si pur se fanèrent. Ses cheveux d’Éliacin blanchirent sur les tempes, ces cheveux blonds qui, d’ordinaire, blanchissent si tard, et que l’âge ne ternit qu’en les brunissant ! Cet homme d’osier, pour la souplesse et la gracilité, allait-il se casser, séché par une flamme intérieure ? Quand il s’agissait de ses devoirs de prêtre, il était, malgré ce marasme dont ses traits fatigués portaient l’empreinte et qui affligeaient des yeux amis, aussi dispos, aussi allègre, aussi prompt et prêt à bien faire… Mais il n’avait plus cette sérénité qui touchait tant, quand on le voyait et qu’on pensait à ce qu’en rentrant chez lui le malheureux allait retrouver ! Le dimanche, la grand’messe lui donnait des forces. Le sentiment de l’auguste et immense fonction qu’il remplissait à l’autel lui redressait le front et illuminait son visage, mais les bonnes femmes qui venaient à l’église de Néhou, sur semaine, dans la longueur des après-midi, faire leur visite au Saint-Sacrement solitaire, l’y trouvaient, non plus comme autrefois, allant et venant, en surplis, d’un pied leste, dans cette fraîche et sonore maison du bon Dieu, aux portes éternellement ouvertes, et où les bruits vulgaires du dehors semblent se sanctifier par la manière dont ils expirent. Elles l’y voyaient morne, abattu, ne s’occupant plus des vases de fleurs