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monsieur, demanda le curé au docteur, — lequel frotta sa queue contre son collet, en allongeant les lèvres et en faisant un petit peutt ! qui était probablement toute son opinion, dans la circonstance. — Les larmes que répand cette enfant, continua l’abbé, malgré le peutt du sceptique, — sont-elles un bon ou un mauvais signe ? Sont-ce des larmes purement physiques, dues à la détente des nerfs qui vont reprendre leur jeu régulier ? ou bien seraient-ce des larmes d’âme ?… — ajouta-t-il avec sa candeur habituelle.

— Je ne sais pas, — dit le docteur, de sa petite voix mordante — ce que vous appelez des larmes d’âme, monsieur le curé ; mais si vous voulez dire par là que cette belle enfant souffre et a conscience de ce qu’elle souffre, eh bien ! franchement, je ne le sais pas plus que vous. Tout ce que je sais, c’est que cette jeune fille est dans un état auquel la science, avec son bagage actuel, ne comprend absolument rien.

Aujourd’hui, nous voyons des phénomènes, je ne dis pas tout à fait nouveaux — ce serait trop ! — mais fort mal observés autrefois. Il s’agit de les observer mieux. C’est un champ qui peut être immense, mais nous y faisons les premiers pas et nous avons à nous défier de tout et particulièrement de nous, qui sommes nos seuls instruments d’observation à nous-