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et le plus pur… D’ailleurs, d’un tact trop fin pour donner à Néel un conseil que Néel ne lui demandait pas, il ne lui dit point que le mariage rêvé avec cette fille vouée à Dieu était impossible et qu’il n’avait plus qu’à épouser la fiancée choisie par son père, cette belle et grande fille dont tout le pays plaignait l’abandon. L’abbé Méautis renferma en lui ses pensées.

Pour y faire diversion, il parla de ce jour, à la veille duquel ils étaient ; de ce jour qui devait être une fête dans le cœur de Calixte et que probablement elle ne verrait pas. C’était, en effet, le lendemain que le curé devait apprendre à sa paroisse, du haut de la chaire de Néhou, la conversion de Sombreval. Cette douceur chrétienne de prier pour son père, en communauté avec les fidèles, Dieu l’ôtait à Calixte, et si le saint prêtre n’en murmurait pas contre Dieu dans l’optimisme de sa foi, il s’en affligeait pour Calixte. Il savait combien elle regretterait de n’avoir pas vu ce moment où l’on aurait proclamé le retour à Dieu de son père, et où les yeux durs de ces paysans, toujours armés et méprisants, se désarmeraient de leur dureté et se tourneraient vers elle, avec respect et sympathie, pour la première fois.

Et les prévisions du curé se réalisèrent. Calixte, dont la crise continua, ne put être à