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journée. Il était sûr de la fidélité animale de ces êtres superstitieux et reconnaissants, qui d’ailleurs aimaient Calixte, à leur manière, et qui croyaient qu’absent, Sombreval n’en avait pas moins l’œil sur eux.

Quand il revint au Quesnay, peu de temps après, il les retrouva à la même place, aussi immobiles que Calixte elle-même, accroupis sur le tapis, comme deux idoles noires, silencieux et consternés, comme ils l’étaient toujours quand la jeune fille avait ces crises qu’ils imputaient peut-être à quelque démon. L’homme se tenait le front dans ses mains et les coudes sur les genoux et suivait, de ses yeux pesants et dilatés, les mouvements de sa femme, rafraîchissant le visage de Calixte avec un éventail de plumes et en chassant, de temps à autre, quelque mouche qui s’en venait bourdonnant de la vitre et qui prenait, sans doute, cette pâle et ronde joue pour une fleur…

Le silence qui pesait dans ce salon très vaste était presque religieux. Il semblait qu’on y gardât une morte ; et cette idée de mort devenait une inquiétude qui allait s’accroître d’heure en heure et qui commençait à s’acharner sur le cœur de Néel… Lui, il entrait dans ce grand salon comme il serait entré dans une église. Il interrogeait ce pouls qui ne battait