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terie, cette fois-là ; mais un autre jour, il fallut bien en découdre, — comme aurait dit Bernard de Lieusaint, — quand le vicomte lui porta cette autre botte :

— Monte donc à cheval, chevalier ! Tu perds l’habitude de la selle, et va donc à Lieusaint rendre à ta fiancée la visite qu’elle t’a faite au Quesnay et que tu lui dois.

— Je n’ai plus de fiancée, mon père, dit Néel acculé, avec une fermeté douce. Mademoiselle de Lieusaint m’a rendu les joyaux de ma mère, et me présenter chez elle… actuellement du moins… l’offenserait.

— Ah ! c’est de là que souffle le vent ! fit le vicomte Éphrem de bonne humeur et sans colère. Pure jalousie de jeune fille ! Bernardine t’a vu au Quesnay avec une garde-malade bien capable, ma foi ! de mettre martel en tête aux plus jolies. Mais ce n’est ni les jalousies d’une fillette qui t’adore, après tout, chevalier, ni tes galanteries avec la petite châtelaine de là-bas, qui peuvent empêcher nos arrangements de famille, à Bernard et à moi, et rompre la parole que nous nous sommes donnée en émigration, de marier un jour nos enfants, si nous en avions. Il s’agit de faire souche aux Néhou, et, avant que je parte pour l’autre monde, d’être bien sûr que tu as ajouté un Néel XXIII aux autres Néel de notre maison.