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vous, vous ferez comme chez vous. — Sombreval dit en effet qu’il coucherait au Quesnay cette nuit-là, son intention étant seulement de voir l’état des appartements et de repartir à la pointe du jour, le lendemain.

Jacques Herpin prit donc une chandelle dans un flambeau de cuivre et conduisit Sombreval partout où ce dernier lui dit d’aller. Il le pilota à travers les escaliers et les corridors du château. Tous les deux marchant l’un devant l’autre, ils visitèrent les appartements étage par étage, le fermier donnant au nouveau maître les détails et les explications qu’il lui demandait.

Sombreval semblait prendre un cruel plaisir à voir l’état de délabrement de ce château dans lequel il s’était senti si écrasé et si petit pendant son enfance, quand il y venait avec son père vendre le gibier tué sur son clos.

Ce délabrement était affreux. Les tapisseries déchirées pendaient le long de leurs lambris comme des drapeaux qui semblaient pleurer leur défaite. Les glaces encrassées de poussière et tachées ignoblement par les mouches avaient, du fond de leurs toiles d’araignée, des reflets verdâtres et faux. Les plafonds s’écaillaient.

L’air humide de l’étang avait pénétré dans les appartements dont les fenêtres surplombaient la pièce d’eau et y pourrissait les boise-