Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déployer sur les marches du chœur, quand il officiait à l’église.

Son visage, d’un ovale allongé, avait la pâleur de l’ivoire jauni d’un crucifix exposé à l’air d’une cellule, et les yeux, qui adoucissaient encore ce visage, étaient du même bleu épuisé qui veinait ses belles mains fines et longues, dignes de porter, sans gants, le saint ciboire, et d’offrir l’hostie aux lèvres virginales des premières communiantes.

Le seul luxe de cet homme de simplicité, c’était les jours de fête un peu de farine de pur froment jeté en guise de poudre sur ses cheveux blonds d’Éliacin, ses cheveux de diacre, comme il disait, et que les soucis du prêtre n’avaient pas flétris encore. Il s’appelait l’abbé Méautis.

Sa mère, une brave femme du peuple du bourg de B…, restée seule avec une fille de quatorze ans, pendant qu’il faisait sa dernière année de séminaire, avait perdu cette enfant d’une manière affreuse.

Un soir, en se baissant au foyer pour allumer la lampe de la veillée, la jeune fille avait incendié sa robe d’une étoffe légère, et, malgré les secours qu’on lui porta, elle avait été enveloppée et dévorée instantanément par la flamme. La mère, sortie quelques instants pour aumôner une pauvre voisine, rentra et trouva sa