Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lorsque l’abbé Sombreval sortit du séminaire de Coutances avec les honneurs de cette dispense d’âge que l’Église, dans sa prévoyante sagesse, accorde si largement à ceux qui lui paraissent devoir être un jour les Macchabées du saint ministère, il était, par le fait de sa réputation de séminaire, presque un pouvoir parmi le clergé du diocèse. Que dis-je ! il était mieux qu’un pouvoir : il était une grande espérance, — de tous les pouvoirs humains le seul peut-être qu’on ne songe pas à contester !

C’était le temps où l’Église de France inclinait en bas. Elle allait bientôt, sous le genou de bourreau que la Révolution lui appuierait à la poitrine, toucher terre et plus bas que terre, car on enfonce dans du sang, pour se relever, divinement purifiée par ce sang, qui purifie toujours ; mais, il faut bien le dire (car c’est la vérité), à cette époque, l’Église de France n’était ni dans ses mœurs, ni dans son personnel, ni dans sa doctrine, ce que des chrétiens, qui l’aimaient, auraient tant désiré pour elle !

Aux yeux de qui voyait le mal et prévoyait le remède, les jeunes gens, à tête carrée, à capacité forte, comme l’abbé Sombreval, paraissaient, dans le lointain, les colonnes qui soutiendraient le temple ébranlé. Cet abbé, en effet, semblait propre à tout, — au vicariat le