Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

siffler à la manière de tous les postillons du monde, quand ils veulent délasser leurs chevaux. La nuit tombait, mais on y voyait assez pour se conduire.

Les deux vieillards décrochèrent le tablier de cuir du char-à-bancs et descendirent pour se réchauffer les pieds, en battant la semelle contre les pierres du chemin. Une fois à terre, bien enveloppés dans leurs houppelandes, ils se mirent à regarder dans la vallée qui noircissait. Le Quesnay, perdu sous ses bois, n’était plus distinct, mais on voyait ses hautes lucarnes, en œils-de-bœuf, éclatant de cette âpre lueur rouge qui s’y allumait tous les soirs.

— C’est donc le Quesnay que cette rangée de feu là-bas ? dit le vicomte. Eh ! pardieu, oui, c’est bien le Quesnay ! Ce sont les fourneaux, dans les combles, de ce vieux souffleur de Sombreval qui a gagné, à ce qu’il paraît, toute sa fortune dans la chimie, et qui continue son métier ! Dans la nuit, comme nous voilà, c’est presque d’un effet sinistre, et doit pousser aux mauvaises pensées et aux mauvais bruits sur l’ancien prêtre. Avec ce cercle de lucarnes en feu, on dirait que le Quesnay porte la couronne de l’enfer.

— Et c’est la couronne de l’enfer aussi, — dit une voix calme auprès des deux vieillards ; — ce n’est pas une apparence, un faux-sem-