Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il trouvait Calixte si belle qu’il la croyait parée quand elle ne l’était pas, et que, pour la première fois, en la regardant, il s’apercevait que ses mains n’avaient pas de bagues, et que ses pauvres charmants bras étaient entièrement nus dans les manches flottantes d’une robe de laine brune.

— Monsieur Sombreval, lui dit-il, le soir, quand ils furent seuls, — j’ai voulu donner aujourd’hui à Calixte le bracelet que préférait ma mère.

— Si elle l’avait pris, — répondit Sombreval, qui lut dans la tristesse de Néel, — vous étiez aimé ! C’était là un symptôme ! Moi qui suis comme tous les idolâtres, enragé de parer mon idole, j’ai rempli ses coffrets d’une masse de bijoux à tourner toutes les têtes de jeunes filles, excepté celle de ce Chérubin qui ne va vêtu et orné que de sa lumière. Eh bien ! je suis resté avec mon bagage de vieil orfèvre et ma courte honte, car de tous ces bijoux dont les femmes raffolent, elle n’a jamais voulu rien porter !