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qu’elle avait appris par l’abbé Hugon l’ignominie de sa naissance, elle avait eu l’inspiration de se consacrer tout entière au Seigneur, ne voulant pas (comme elle le dit avec une virilité d’expression que la religion donne aux plus faibles créatures) continuer une race qui n’aurait pas dû naître ; mais l’amour de son père, qui l’aimait tant, l’avait retenue.

Elle connaissait la passion paternelle, cette force des bras de Sombreval, qu’elle ne pourrait vaincre, quand il s’agirait de lui échapper. Elle savait que ce géant muraillerait la porte de sa maison, ou, comme Samson, l’abattrait sur lui et sur elle plutôt que de se résigner à en voir sortir sa fille bien-aimée.

Dans cette difficulté suprême, elle demanda à l’abbé Hugon de diriger sa conduite, et ce prêtre, qui consulta ses supérieurs ecclésiastiques, obtint une dispense de prononciation de vœux publique et lui fit faire secrètement son noviciat hors du cloître.

Pour cet homme profond et les esprits auxquels il s’adressa, la mission de Calixte sur la terre était de ramener à l’Église l’apostat qui l’avait désolée et qui pouvait en être l’honneur encore, si quelque jour il venait à se repentir.

« Carmélite par la pratique de la contemplation et de la prière, — avait-il dit à l’o-