piquet, et comme on bouchonnait un cheval en sueur avec une poignée d’étrain frais[1], mais, après tout, il savait assez de christianisme pour comprendre ce qu’avaient de malsonnant au tympan des oreilles religieuses les dernières paroles de la Malgaigne.
— On n’évite pas sa destinée, fit-il : c’est vous qui dites cela, la Malgaigne ! Pour une chrétienne, vous n’avez donc pas peur de parler ainsi ? J’ai ouï dire que vous étiez redevenue religieuse depuis bien des années, et que vous approchiez même des sacrements ; et cependant vous parlez aujourd’hui comme une païenne ou une faiseuse de maléfices…
À ce mot de maléfice, elle releva ses grands yeux d’un bleu pâle, comme l’aile d’un vieux geai, et regarda Néel, mais sans colère.
— Et vous aussi, dit-elle, malgré votre jeunesse, vous savez ce que j’ai été, monsieur Néel. Ils vous l’ont donc appris ! Hélas ! le mal s’apprend et se retient mieux que le bien… Oui, c’est la vérité que, dans le temps, j’ai été une faiseuse de maléfices ; c’est la vérité que j’ai écouté les pensées du démon et me suis adonnée aux œuvres perverses.
Oui, je m’y suis bien obstinée, ajouta-t-elle
- ↑ Paille fraîche.