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par le père et la fille, en causant des choses les plus indifférentes — de la splendeur du jour ou de la beauté du paysage — avec ce jeune homme inconnu encore, leur ennemi naguère, comme cette foule à laquelle il venait de si noblement s’imposer.

Mais cette reconnaissance devait être inutile… du moins pour le bonheur de ce jour-là. La passion de Calixte n’était pas finie. Avant de rentrer au Quesnay, elle devait, sur cette voie où elle marchait délivrée, entre son jeune sauveur et son père, essuyer encore une injure — plus sanglante que les autres — un de ces outrages aussi impossibles à punir qu’à éviter !

Il était à peu près midi, lorsque Néel, Calixte et Sombreval débouchèrent, par une montée douce, du chemin couvert, sur une espèce de butte qu’on appelle le mont Saint-Jean dans le pays, et d’où l’on embrassait, un peu plus bas dans la vallée, le Quesnay, avec ses bois et son étang conique qui, de loin, sous sa mousse et son fucus verdâtre, ressemblait plus à une pièce de gazon qu’à une pièce d’eau. Moi qui vous raconte cette histoire, que de fois j’ai passé par là, mais j’y ai cherché en vain le Quesnay, au toit d’ardoise, et ses bois tombés ! Tout cela n’existe plus ! Il n’y reste que le long étang qui n’a plus figure d’eau ni