Page:Barbey d’Aurevilly - Rhythmes oubliés, 1897.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

II

Tout à coup, tout à coup, sans bruit, sans frémissement, sur la coupe d’huile de cette mer sommeillante, sans qu’un seul flot se gonfle et saute, comme saute le saphir du chaton de la bague où il brillait, sans un seul flocon d’écume qui tache cette vaste profusion d’azur et, par un trouble, annonce leur présence,

III

Deux serpents, d’un bleu aussi doux que celui de la mer et se confondant avec elle, glissèrent, souples, charmants, reployés comme deux bandelettes oubliées et tombées du front d’Amphitrite, et moelleusement roulèrent comme cette mer qui baisait si amoureusement son rivage !