Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée

que je ne peux pas ne point aimer, enchanté de le voir dans des dispositions d'âme et d'esprit d'une placidité et d'une suavité si parfaites. — cela durera-t-il ? Voilà la question qui fait revers.

je souhaite pour Léon qu'il y ait dans la religion et ses pratiques un élément de fixité et de durée pour les âmes comme la sienne, vives et agitées. — il m'a demandé un livre de prières que je lui achèterai demain. Qu'il prie par moi et pour moi s'il ne prie pas avec moi. j'aime les prières, non que je croie à leur efficacité, mais parce que prier pour quelqu'un, c'est penser à lui.

la ville est vieille, à petites rues, à maisons basses ; le tout enveloppé dans une pluie fine et dense et recouvert d'un ciel sombre et gris m'a paru d'une indicible tristesse. — et d'ailleurs voyager (et voyager seul comme je fais, sans un être, pas même un chien, qui me suive,) me rappelle la définition de Mme  De Staël qui disait les voyages le plus triste plaisir de la vie.

— n'ai-je pas laissé des morceaux de mon cœur

derrière moi ? Ai supprimé le déjeuner, — pris seulement un bouillon. — allé voir ma tante, malade et ennuyée.

— rentré. — lu jusqu'au dîner et pas ressorti de

la journée. — pensé à... et à mes amis de Paris avec une mélancolie inexprimable. — Th recevra ma lettre demain, — une lettre folle et railleuse autant que je suis nerveux et morose, ce soir. — pour ne pas succomber sous