Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/72

Cette page n’a pas encore été corrigée

me dominait entièrement et remuait en moi des flots de tristesse. — à quatre heures, R m'a apporté une lettre qui était d'elle.

-toujours la même, toujours ! Je n'ose penser à ce que deviendrait ma vie si ce dernier cœur allait changer aussi, mais je ne crains pas...

non ! Je ne crains pas... car si je craignais, je...

je ne le dirai point devant vous, chastes étoiles !

resté sous le poids de cette lettre jusqu'à l'heure où je suis descendu au salon. — M De Saint-Q est venu m'offrir son tilbury pour demain. — accepté.

-je vais à Sainte Colombe. La marquise D'H y sera.

-la connais seulement par ouï-dire, à travers les malveillances de province qui, comme certains cristaux colorés, décomposeraient la lumière.

-n'en veux rien penser avant de l'avoir vue. — reçu ma cargaison de liqueurs et le manuscrit de Germaine que je ferai lire à Léon. — fait une visite à ma tante, la mère des sept douleurs à l'en croire. — cette femme a la fureur d'être malheureuse. — je me suis plongé dans une excellente bergère devant un grand feu et l'ai écoutée patiemment gémir comme une élégie, dans un état qui tenait de l'ennui et de la résignation, silencieux, les yeux à moitié clos et la main jouant avec le gland de mon bonnet de velours noir. — rentré. — soupé. — pris une espèce de grog composé de sucre, d'eau-de-vie et d'eau chaude, un puissant digestif,