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J'avais laissé cette page en blanc. C'était le portrait le plus fidèle que je pusse faire de ma belle-sœur.

Toute réflexion faite et pour justifier le but de ce memorandum, il me faut écrire ce que je pense d'elle. C'est une enfant, moins l'âge, chose fâcheuse ! — elle a vingt-quatre ans ; les hommes veulent que ce ne soit plus jeune. N'est pas jolie,

— petite, mince, moins flexible qu'une houssine, mais

y ressemblant néanmoins. J'exècre les femmes ainsi, car les enfants même ont des formes ou doivent en avoir. — les cheveux bruns, les traits forts, le pied mal fait, quoique petit ; la main délicate, mais sans distinction. Le teint est bistré, mais il s'éclaire de mille lueurs mobiles. Ceci est remarquable et fort joli. — aujourd'hui il est d'une couleur orangée et mate ; demain il sera d'un blanc presque pur, — se rosant, rougissant avec une rapidité électrique, — puis une foule de dégradations dans les couleurs qui marbrent la chair. — cela fait comme une apparence de passion en cette femme. — oh ! Une apparence, un faux semblant de vie, car elle ne connaî