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reposé, les yeux d'un scintillement doux. — qu'est-ce donc que la beauté qui s'efface d'une heure à l'autre pour revenir ? Singulière chose .

Rentré, bien, à cela près d'une velléité de migraine causée, je crois, par le parfum des fleurs dont nous étions entourés. — me revoici dans ma solitude. — la chambre en désordre, les flacons débouchés précipitamment, au moment de partir, et restés, exhalant ce qu'ils n'enferment plus ; les vêtements sur les meubles ; les livres et les papiers épars ! — cette vie me pèse. Pas de liens, pas de foyer, une tente de nomade qu'on plie en quelques heures et qu'on emporte. C'est triste, passé vingt-cinq ans.

Couché. — écrit ceci dans mon lit. — c'est la dernière page de ce livre que Guérin a appelé étrange. — oh ! Oui, étrange comme cette vie où Dieu a mis tant de petites choses à côté d'ambitieuses pensées. Combien, de ces pages tracées à la hâte, y en a-t-il qui ne soient pas consacrées à l'ennui que j'appelais en commençant ce journal le dieu de ma vie ? ennui. Isolations ! Et pourtant je me suis découvert, ces temps derniers, un intérêt jeune, vivant, plein de fraîcheur, croissant mystérieusement au fond de ce cœur que je croyais flétri et blasé, et y jetant silencieusement des racines profondes ! — cet intérêt, il a fallu le tuer, — l'anéantir, — mais il était, je le sentais. — qui peut