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je dans la situation actuelle de mon âme ? Une fête ne me sortirait pas de l'épaisse tristesse qui se redouble chaque jour en moi.

D'ailleurs je dîne demain (dimanche) avec l'aimable et pur Aristide. Un tête-à-tête long, causeur, les coudes sur la table, et probablement nous irons dépenser notre soirée à quelque spectacle. — j'ai renoncé à toute boisson fermentée et nous ne nous enivrerons que de nous-mêmes et du passé ; car le passé tient aussi sa place dans le cœur si noblement misanthrope d'Aristide B. — je l'aime et lui voudrais un bonheur que probablement ses facultés délicates n'auront jamais. — dîné avec appétit et sans mal d'estomac après. — G et B sont venus.

— causé de part et d'autre sans entrain. — eux

partis, parcouru la revue des deux mondes.

— il

y a une vieille et méchante rabâcherie de Planche sur Hugo. — on n'a pas raison de plus cuistre manière et voilà justement ce qui me fâche ! Du reste, rien autre chose. — écrit ceci en remuant je ne sais quelles sources amères et dormantes : — je ne veux pas parler mes pensées. — non ! Qu'elles me brisent plutôt ! — vais me jeter au lit et puisque le sommeil n'est pas à mes ordres, y continuer à lire et à travailler. Mais, hélas ! Aurai-je l'attention nécessaire ? — toujours elle se détourne et revient aux pentes de ces derniers événements. — je sais bien que je suis maître de moi