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Egli avaen cappe con cappuci bassi
Dinanzi agli occhi, fatte della taglia
Che per li monachi in Cologna fassi.

Di fuor dorate son, si ch’egli abbaglia
Ma dentro tutte piombe e gravi tanto

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Pourtant il y a toute une vie entre nous deux, et une vie d’enfance et de jeunesse, la plus belle, dit-on, et le lien le plus fort ! — L’oubli est plus fort encore, que je sache. Les sentiments se chassent les uns les autres et le creux de la main de l’homme est plus vaste que son cœur. Quand nous reverrons-nous maintenant, mon frère et moi ? Ces jours qu’il n’a pas voulu me donner étaient peut-être les derniers que nous eussions passés ensemble. Nos destinées sont si opposées et la vie nous cache tant d’inattendu ! Moi, je respire les longs voyages. Sitôt que je pourrai allonger la chaîne que la nécessité me rive aux pieds, je le ferai. Je me dévore de rester en place. Lui, une fois prêtre, que deviendra-t-il ? Et quand je songe qu’il a pu se dire tout cela, et que tout cela n’a pas pesé un grain de poussière dans ses résolutions, je reste frappé au fond du cœur de la légèreté de l’homme que je connaissais pourtant, mais dont je n’aurais pas cru que Léon m’aurait fourni une preuve nouvelle et amère. Je l’ai prié à plusieurs