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8 janvier.


Oh ! Oh ! Oh ! Encore une fière pause. Quel soubresaut il fait, ce char de la vie, comme dit Pindare. — les jours en blanc sur ce Memorandum, pourquoi ne le sont-ils pas de même dans ma mémoire ? Du moins ce serait cela de gagné ! J’admire dans quel petit cercle se traîne la vie ! Comme ce sont les mêmes soins, le même détail de jours, les mêmes douleurs, le même ennui ! L’esprit lui-même, qui devrait modifier de sa variété la monotonie des événements qui se jouent autour de nous et qui nous frappent, l’esprit lui-même, n’a qu’un petit nombre d’attitudes bien vite épuisées. — J’ai essayé de beaucoup de choses (car enfin l’homme doit connaître, ne fût-ce que pour connaître) et rien encore ne m’a satisfait et retenu. J’essaierai quand je le pourrai de la vie des voyages, mais j’ai comme le pressentiment du néant de cette vie. Je ne vois encore que la vanité qui dure en nous et dont les jouissances ne tarissent pas. Cela révoltait avant-hier chez la marchesa, où je le disais, parce que, par vanité encore, les hommes sont trop couards pour se juger.

Rien de nouveau en politique : si ce n’est que l’opinion à la chambre des pairs s’est prononcée pour