Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/234

Cette page n’a pas encore été corrigée

d'une vie agréable, d'un avenir dans ses goûts et de la culture de son talent, tandis que moi je suis réservé à l'isolement et à une vie fragmentée de toutes manières. — je devais aller voir sa promise demain, mais le temps est à la pluie et je suis souffrant. — donc, non, si le temps continue à être mauvais.

Allé au bain. — pris un bouillon et revenu chez moi au coin de mon feu à le regarder flamber dans une grande misère d'esprit et de cœur. — j'appelle cela la sensation du néant.

— Dieu me damne ! Je

crois qu'elle me devient habituelle ! — je dîne chez Gaudin.

au soir.

dîné férocement chez G avec des viandes saignantes dignes de la cuisine des kalmoucks. — vu boire à ces messieurs ces brûlants alcools que j'aime et auxquels je n'ai pas touché. — resté peu de temps à causer et chanter. — plus on est triste, plus le chant s'empare de vous et vous emporte. — la gaîté de l'homme est une ironie. — ne suis pas allé chez la maîtresse de G ce soir parce que mes cheveux n'étaient pas bouclés, spirituelle excuse ! Raison digne d'être donnée à une catin ! — par conséquent n'ai pas vu cette jolie petite vipère si blanche, si blonde et