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8 novembre.

ces jours-ci n'ai rien noté, — et les ai passés dans une souffrance très vive et dont personne ne s'est aperçu. — je l'avais méritée, cette souffrance.

J'avais écrit une lettre égoïste à (...) et elle m'a répondu par des larmes et des paroles poignantes d'affection qui se croit trompée. — que sommes-nous donc ? Pourquoi ai-je été blesser ce cœur, — le seul peut-être qui me soit dévoué, — moi qui l'aime autant que je puis aimer créature vivante ! — il fallait que je fusse hors de sens.

j'ai eu des remords et j'ai souffert tout le temps que je n'ai pas été avec la marchesa.

— ma

liaison avec cette femme devient de plus en plus étroite. Je me suis trompé sur son compte. Elle n'est pas ce que je croyais. — mélange d'ombre et de lumière, ses qualités dominent ses défauts. Je me disais : c'est pis qu'une coquette avec les autres, avec moi c'est une comédienne. Avec les autres, elle peut être coquette, mais elle se sait coquette ; son sens si droit n'est jamais égaré : elle se juge coquette et sait le temps qu'elle restera ainsi. C'est une mise, une robe décolletée, une parure plutôt que sa nature et la pose habituelle de