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À qui rêves-tu si tu rêve,
Front bombé que j’adore et voudrais entr’ouvrir,
Entr’ouvrir d’un baiser pénétrant comme un glaive,
Pour voir si c’est à moi, — que tu fais tant souffrir !
Ô front idolâtré, mais fermé, — noir mystère,
Plus noir que ces yeux noirs qui font la Nuit en moi,
Et dont le sombre feu nourrit et désespère
L’amour affreux que j’ai pour toi !

Je n’ai su jamais si tu pense,
Si tu sens, — si ton cœur bat comme un autre cœur,
Et s’il est quelque chose au fond de ton silence
Obstinément gardé, cruellement boudeur !