Et les vases d’albâtre au fond des encoignures
Blêmissent vaporeux, mais paraissent encor.
Rien ne fait plus bouger les plis lourds des tentures…
Tout se tait, — excepté le vent du corridor
Qui pleure aussi sur les toitures !
Et par le capuchon de la lampe assombris
Les grands murs du salon semblent plus longs d’une aune…
Et dans le clair-obscur, oscillant, vague, atône,
On voit se détacher un buste, — un buste jaune
Bombant d’un angle de lambris.
C’est un beau buste blond, — d’un blond pâle, — en argile,
Moulé divinement avec un art charmant.
Aucun nom ne se lit sur son socle fragile.
Je l’ai toujours vu là, dans ce coin, y restant
Comme un rêve, — un rêve immobile.
C’est un buste de femme aux traits busqués et fins,
Aux cheveux relevés, aux tempes découvertes,
Et qui, — là, — de ce coin, voilé d’ombres discrètes,
Vous allonge, en trois quarts, les paupières ouvertes,
De hautains regards incertains.
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