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HH MÉMOIRES HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES IV Ainsi, ni homme ni talent dans ce livre. De la fange refroidie, voilà tout ! Des écoliers seuls, des naïfs, des buveurs de rosée, comme M. Louis Lacour, peuvent prendre au sérieux, au triste sérieux de la corruption, cette apparence, cette ombre d'homme, hominis umbra, et croire que de tels farfadets, brillants et si vite évanouis, importent à la curiosité du moraliste ou de l'historien ; ils ne méritent guères que leur mépris. Les Mémoires de Lauzun se ferment en 1783 : ils n'impliquent donc que sa vie de boudoir, ses errantes amours et sa passe d'armes en Amérique. Plus tard, l'homme à bonnes fortunes étant devenu général de la très austère République, qui, comme il convenait, le fit égorger, ces Mémoires auraient pu, en s'achevant, servir à l'histoire. Seulement, tels qu'ils sont, tronqués, personnels, scandaleux, ils y tiennent pourtant par une de leurs pages, une page qui est peut-être un crime et sur laquelle plane un épouvantable soupçon. On devine bien que nous voulons parler de cette Infortunée sublime, de cette Marie- Antoinette qui, de toutes les calomnies versées sur