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importance que la Critique est obligée de signaler.

Et telle fut en ces derniers temps la réimpression d’un livre qui eut mieux qu’un jour de renommée puisque le succès n’en a pas été épuisé par quatre éditions successives, et que l’un des auteurs (ils avaient été deux à l’écrire), usant du droit de son intelligence perfectionnée, s’est avisé de refondre et d’améliorer. Ce livre est Le Maçon, publié il y a vingt-six ans (un quart de siècle déjà !) par MM. Michel Masson et Raymond Brucker. Écrit sur le peuple et pour le peuple, ce roman ne saurait passer inaperçu aux yeux d’une Critique qui aime à trouver la moralité et le bonheur du peuple dans toutes les préoccupations du Pouvoir. D’ailleurs, il a, comme on dit, toutes les actualités. D’abord, l’actualité éternelle des mœurs et de la littérature populaires, et ensuite l’actualité éphémère de nos modes et de nos engouements. Lorsque les Champis triomphent sur toute la ligne, lorsque des paysans et des ouvriers de fantaisie, aussi faux que ceux de Watteau et moins jolis, ont, grâce à une plume qui n’est pas pourtant une baguette de fée, le privilège de tourner la tête à l’Opinion superstitieuse, le moment n’est pas mal choisi, ce nous semble, pour nous rappeler à la réalité de cette nature populaire qu’il n’est pas besoin de flatter pour qu’elle intéresse, et pour nous la montrer éloquemment et simplement, dans tous les plis de sa forte étoffe, ample et sincère, — parlant français et non faux patois !

Or, voilà ce qu’avaient tenté de faire et ce qu’avaient fait, bien avant que le soleil se levât, rose et brillant comme