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de s’y méprendre : malgré les qualités les plus fortes mises à la place des plus fines, Guy Livingstone ou A Outrance est un roman de high life, ni plus ni moins que Pelham.

C’est dans la high life pure, incompatible, sans aucun mélange, aux habitudes de laquelle il appartient par sa naissance et ses relations, que M. Georges-Alfred Lawrence a fait mouvoir les personnages de son livre et concentré ses observations. M. Bernard Derosne, le traducteur de M. Lawrence, nous a donné sur son auteur une note que je trouve un peu sèche… Selon cette note, qui n’est pas assez une notice, M. Georges-Alfred Lawrence serait un brillant officier, très-aristocratique d’origine et de fortune, aimant la chasse, les armes, les chevaux, qu’il monte lui-même sur le turf, et « ayant gagné un grand nombre de steeple-chases. » C’est entre deux de ces courses, probablement, qu’il aura écrit ce premier roman de Guy Livingstone, publié d’abord à la mode anglaise, sans nom d’auteur, et dans lequel il a montré une vaillance de talent qui ressemble fort à la vocation la plus déterminée.

M. Bernard Derosne a fait aussi précéder la traduction du roman dandy de M. Lawrence d’une appréciation du dandysme par M. Emile Montégut, assez vigoureuse pour compromettre cet écrivain à la Revue des Deux-Mondes, ce journal du pédantisme bourgeois, où, comme l’on sait, les dandys sont peu en honneur… Dandy lui-même pour le compte de son auteur, M. Bernard Derosne nous assure que Guy Livingstone a été écrit en « vingt-sept jours » et sans « autre but que l’envie de se distraire. » Mot bien nonchalant