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au frontispice de ce volume qui pue le faux ; et si on ne sait pas le sexe de ces deux oreilles, on en sait l’espèce, et cela suffit…

L’auteur, quel qu’il soit, n’a pas même de talent littéraire… Du moins n’en a-t-il pas montré. Il écrit en petites phrases saccadées qui ressemblent à l’expectoration fréquente d’un fumeur qui ne sait pas fumer. Il est affecté de la pituite du petit alinéa et il le crachotte. Son livre n’a pas même le genre d’esprit qui dit : « Je me moque de tout, pourvu que je place mes mots. » Il n’a rien à placer. Il est inconsistant comme de l’écume. On dirait la mousse d’un faux vin de Champagne à trois francs, vendu chez l’épicier. Et maintenant que nous avons signalé le traquenard de son titre, nous n’ajouterions rien de plus sur le livre et sur son auteur, s’il n’y avait pas une question plus importante que l’auteur et son livre, et que ce livre impose à la Critique l’obligation de poser. Or cette question n’est point, comme on pourrait le croire, le pamphlet, l’ignoble pamphlet sous forme romanesque que j’ai laissé là, de dégoût, mais le roman lui-même, le genre de roman introduit en ces Mémoires, et qui n’est pas, il faut le dire, beaucoup plus propre que le pamphlet !


V

Ce genre de roman est, en effet, la déjection dernière de cette littérature de cabotins, de lorettes, de filles entretenues, dont M. Alexandre Dumas fils peut se