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Plus tard, tout descendant et se rapetissant, on ne trouve plus, il est vrai, au dix-huitième siècle que l’insignifiante Mme de Haussez de chez la Pompadour. Mais la grande dame, ou du moins la femme comme il faut, était au fond de ces caméristes de princesses et même de marquises par la grâce de l’amour du Roi ! La femme de chambre véritable n’y était pas ; elle servait dans l’obscurité. Au dix-huitième siècle, on n’aperçoit encore, parmi messieurs les domestiques, que le laquais Rousseau derrière la chaise de ses maîtres, gravant dans sa mémoire, entre deux assiettes qu’il leur donne, des observations qu’il mettra plus tard dans ses Confessions. Mais Rousseau, le plus grand des génies gauches et empêtrés, n’a ni la grâce, ni le délié, ni le coup d’œil, ni l’observation intimement assassine que peut avoir une femme de chambre avec sa maîtresse. Il est épais, lourd et gourmé. Il a les yeux pleins du jaune de l’envie ; et d’ailleurs il est sensuel au point d’être toujours bêtement hors de lui à la vue du moindre corsage. Piètre observateur, pour toutes ces raisons, des mœurs de son temps, qu’il n’a point pénétrées, mais qui n’en joint pas moins le dix-huitième siècle au dix-neuvième, où des femmes de chambre pourront beaucoup mieux nous renseigner sur les mœurs de ce temps, à nous, que Rousseau sur les mœurs du sien, quand elles voudront s’en mêler.


IV

Et, tout d’abord, en lisant le titre que voici, je pensais que l’une d’elles s’en était mêlée. Ce qu’a fait dernièrement